samedi 30 juin 2012

La guinguette de la rotonde.

Atelier d’écriture du 20 juin, 2ème sujet : le quiproquo

Choisir une histoire ou une scène connue existante (roman, conte, film, dessin animé, voire même jeu vidéo, peu importe...), puis la réécrire totalement en y incluant un quiproquo ou un malentendu de votre choix
Liberté prise avec le sujet: C'est bien un quiproquo, mais pas s'appuyant sur une scène connue... C'est une scène vécue...



Pour un portrait sonore tout en images de cette journée:

La guinguette de la rotonde



La rotonde commence à prendre vie. Je le vois, depuis ma fenêtre. Je n’ai pas vue sur toute la place, mais sur une partie, et c’est de ce coté qu’est placé le bar. Ca va, y a du monde derrière… Je me rassois dans mon canapé. Encore un petit peu. J’ai la flemme. Cinq étages, ça calme, hein… Faut se préparer, psychologiquement. Bon, ok, là, c’est pour les descendre, mais bon… Allez, un dernier café et j’y vais.

En bas, ça va déjà mieux. Ca fait du bien de sortir, avec cette chaleur… J’arrive, je passe derrière la table. C’est la guinguette aujourd’hui ! Tour d’horizon. Moins de monde que la dernière fois, tiens… Bon, la dernière fois était une première, c’est sûr que la référence vaut ce qu’elle vaut…
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Bonjour ! ça va ?
Les nouveaux bénévoles sont là. y a du relais, c’est cool. Suis fière de moi. L’appel à bénévolat a bien marché. J’espère qu’ils se sentiront bien dans l’asso. On a besoin de nouvelles énergies, de sortir de notre « entre soi », aussi.

Au bout d’une heure, pas plus de monde. Bon… ça va venir. En tous cas, les gens sont contents, ils mangent. Tortillas, houmous, salade, fromage, fruit et boisson, pour 6 €uros. Je me dis que ça va. Ouf. Me sens toujours mal quand c’est un peu trop cher, ou pas un peu raté, ou s’il n’y en a pas assez. Là, suis à l’aise, du coup. J’enchaîne les pressions, avec la machine louée pour l’occas. Les jus de fruits, aussi. La musique est pas mal. La même que la dernière fois, mais ça passe bien.

L’après midi avance. Mon fils s’est fait des potes. Ok, on va chercher la trottinette. Après, j’irai voter. Convoie d’enfants, jusque dans ma cave.
-
Oui, bien sûr, on prête l’autre trottinette à ton copain, comme ça y en aura trois.
J’ouvre la porte.
-
Waou ! On se croirait dans les tunnels, là, tu sais, les souterrains.
-
Ah ouaaaaiis ! C’est trop bien les caves, comme ça.
Et les trois qui déambulent dans les sous sols…

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Allez, zou ! On y va
Ouf. Ils écoutent sans broncher. J’étais pas d’humeur à faire de l’autorité, là, à devoir promettre que oui, la prochaine fois, on va visiter la cave, mais pas maintenant, etc...

L’après midi avance. Des gens dansent. C’est sympa. Un peu plus de monde, mais bon… Ahhh ! Merde ! La fête des pères !
La fête des pères, voilà, ce qu’on n’avait pas prévu. Illuminée par ma révélation soudaine, je partage. « non, il fait beau, ils sont à la plage, c’est tout ». Bon, ok…

Je lève le nez. Le type qui était là lors de la fête des voisins, rue Sénac… J’avais oublié, dans le feu de l’action. Ah, c’est cool, il a pu venir ! Il est avec sa femme… Enfin, je suppose. On échange. Vraiment sympa, ce type. Il  a un blog, en fait, qui parle de l’actualité culturelle à Marseille. Avant, il avait fait un film. Me donnera le lien…  Et le festival « POC » organisé par l’asso lui plaît, il veut faire des « portraits sonores ». Je ne sais pas trop ce que c’est, mais je trouve ça cool !
Du coup, il me montre un micro, relié à un appareil.
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Je vous interviewe !
-
Quoi, maintenant ?
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Ben oui !
-
Euh… Pas moi.. Je… Pas possible…
Je l’emmène vers Perrine, qui est partie faire une pause, sur un transat.
-
Noon ! Elle dit quand elle réalise.
-
Siiii !!! Alllezzzz.

Présentations faites, elle obtempère. Super ! Dans la boîte.
On se revoit dans la semaine, ok. On fait une prise son à la galerie. D’accord !

Il va s’asseoir. Je reviens.
-
Les tables sont trop au soleil, non ?
Bon, ok. On déplace les tables, puis les bancs. C’est mieux. Mon fils fait toujours des tours avec ses copains, autour de la place. Je reviens. J’ai chaud. Suis dispersée, là. Dès que je fais un pas, quelqu’un me parle, m’interpelle. Je mets longtemps pour rejoindre le bar.

Ouf. J’y suis. Philippe est vraiment sympa ! Philippe, c’est un des nouveaux bénévoles.. Enfin, « membres actifs », je les ai requalifiés.. Des fois que ça marche…
-Oui ? Je vous sers ?
- Je suis Henri, de la maison bleue.
- Ouiiii, Henri ! Ça va ? Oh, c’est cool d’être passé !
Henri tient une assiette à la main. Je me dis que c’est bien qu’il reste de la bouffe pour les mangeurs de l’après midi !
-
J’arrive !
Je m’excuse platement de repartir auprès de mes acolytes. Ils me regardent avec un air surpris. Ils sont assez ! Pas besoin… Oui, mais moi, c’est avec ma culpabilité que je dialogue… Ça, ils ne le savent pas !
Je pars, sincèrement désolée.

Henri est très sympa. On discute. Il mange debout. Y a la musique. Je guette tout ce qui se passe, mon fils, les tables, en même temps. La discussion est plusieurs fois interrompue, je fais un truc, je réponds à quelqu’un, je reviens… Finalement, je lui expose le principe du festival, il me parle un peu de lui, on se dit qu’on va se voir pour prendre des photos du lieu où ils vont exposer. Au bout d’un moment, je lui dit que je dois quand même retourner un peu au bar, pour voir s’ils ont besoin. Il dit ok, il est zen. C’est cool !

Je sers, je l’oublie momentanément. Au bout d’un moment, je le revois au bar.
-
Ah ! Voilà ! Viens, je te présente !
Il me regarde, sourit.  
J’en profite, en fait, car Perrine est revenue. Y a Mari-Jo aussi. Et même Marika. Deux salariées et la présidente. Super ! J’enroule légèrement mon bras sur son épaule, pour le faire venir.
-
Pérrine ? Viens, je te présente.
Mari-jo se retourne.
-
Venez, je vous présente ! Je vous avais dit… Vous savez,  la maison bleue ? C’est Henri !
Dans mon champ de vision, quatre yeux me regardent. Un blanc. Quand même ! J’ai envie qu’il soit bien accueilli. J’insiste du regard. Ils m’en rendent un bizarre, embarrassé. Je regarde Henri, il a les mêmes yeux. Il sourit.
Ce n’est pas Henri ! Je comprends… Meeerde ! Vite, se rattraper !
-
Je t’ai confondu ! Haaaa, je suis désoléééeeee.
Perrine rit, vite fait, Marie-Jo sourit. C’est un copain à elle. Bien sûr, ils se connaissent ! Et moi, j’ai déjà dû le voir quelque part.
-
Ah mais oui, je me souviens.. Ah nooon… Pardon.. Je ris. Dedans, je ris jaune. Tout le monde nous regarde. Je bégaie. Je m’enfonce…
Au bout d’un siècle, la scène se termine.  Le faux Henri prend son verre, et s’en va, je ne sais où…
Les filles me regardent.
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J’ai rien bu, vous assure ! Je sais pas, je… Je confonds… Je suis à l’eau !
Comme pour me justifier… Comme s’il fallait forcément être saoul pour ce genre de gaffe…
Mais c’est qu’en fait, pour les autres c’est ça, souvent… Rhaaa ce putain de manque de physionomie… Je plane, hein… Je fais des efforts, pourtant ! Bon…
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Remarque, p’t’être que je devrais, hein (boire, genre). C’est peut-être ça ! Je rajoute, pour faire de l’humour.
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Ben oui, sers toi un verre, me dit Marie-Jo, avec un sourire affectif.

Je vais dans le frigo, me sers un verre de rosé. Il me fait tourner la tête. Je me cale contre l’autre table, derrière, celle où il y a le café. En fait, je ne me sens pas bien. Mais si je le dis maintenant, plus personne ne me croira. Bon, je vais boire mon verre, peut-être que ça va me requinquer…

Au deuxième verre, je récupère un peu. Émotionnellement, en fait, surtout… Mais chuttt…
L’activité continue, je vois des amis.
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Ohhhh, t’es venu ? C’est cool !
Je passe un peu de temps avec eux, lorgne les ronds de mon fils autour de la place, reviens au bar.
Tout-à-coup, je revois Henri. Effectivement, rien à voir. Bon, même type, même taille… Mais rieeennn à voir !
Je dois toujours le présenter. Et elles vont forcément rire, maintenant ! Je veux pas qu’il croie que c’est pour lui. Je lui raconte l’histoire d’un air détaché, en me moquant de moi-même. Et je refais mon entrée, plus sûre de moi, en riant du quiproquo.
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Je vous présente Henri, donc, de la maison bleue ! Voilà, c’est le vrai !
Et nous rions…

2 commentaires:

  1. Excellent. C'est intéressant d'avoir ta vision intérieure de ce moment.
    Ca t'a émue dis donc d'organiser ce genre d’évènement.

    Longue vie à la guinguette de la rotonde en tout cas. C'est une belle pierre apportée à ce quartier.

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  2. Merci!
    Ce n'est pas d'organiser ce genre d'évènement qui m'émeut... Ce sont plutôt les moments de la vie, les détails, les choses simples, insignifiantes même.

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