jeudi 17 novembre 2011

Travail en cours, forme première, en miroir.


Les chauffages muets


Les chauffages muets grincent des dents.
Grincent la crise.
L’hiver dans la maison...

mercredi 16 novembre 2011

Esthétique d'un dé-placement: le train de Sainte-Gen's


Sur le quai, attente. 

L'air est frais, les passants n'en sont plus. Ils sont êtres immobiles ou presque, pourrait-on dire en arrivant, des êtres en état d’attente, attente collective sur le quai. À y regarder mieux, de légers mouvements semblent former des courbes, inéluctablement mobiles, contenues dans un espace consacré. On pourrait même y apposer un cadre, sans que personne ne touche les bords, sans protestation, un cadre dans lequel se confineraient ces mouvements du monde, et duquel on ne sort pas… À moins de briser l’attente collective, et ses mouvements presque imperceptibles  et constants, de s’y opposer frontalement, de partir le long des voix vers une liberté terreur de tous les cheminots, chefs de gare et attendeurs collectifs. Mais aujourd’hui, et en cet instant, le quai ne voit que l’engourdissement paisible de la normalité par le froid d’un matin d’automne. 

Bientôt, le train et son vecteur fendront cet espace d'une ligne droite, dure, pousseront l'air de part et d'autre, éclabousseront ces attendeurs avec l'air du milieu. Une lame tranche la gare, la sépare. Une modélisation dynamique qui esquisse une danse vectorielle, tout en couleurs, se superpose au quai du train de Sainte Geneviève des Bois... 

Dedans, les mouvements continuent, mais encore plus petits, petits... 

Car assis dans un train, comment faire? Que faire de soi, de ses mains, du temps? Un lieu s’ouvre, un lieu clôt qui se déplace avec nous dedans, avec un nous par agrégation, nous qui pouvons également nous déplacer dedans. Les paysages défilent. Une jeune femme porte une robe à pois rouges, rehaussée d'une énorme fleur rouge accrochée à un serre-tête sur le coté droit d'une de ses extrémités, en face, sur le siège collé à la vitre. Elle se coiffe, se maquille. Quelqu’un, en face d’elle, la regarde. La regarde attentivement. Ses cheveux sont courts, bruns, son teint clair, et le rouge à lèvre qu'elle applique avec une enviable précision pas vraiment assorti à sa robe… Trop foncé pour la robe, oui, pour un mariage heureux, mais d'un beau rouge-bordeaux. 

Elle s'affaire. Pas une fois son regard ne se relève, ne tombe sur le sien,  ne surprend l'indélicatesse d'une observation appuyée, ne la force à détourner les yeux. Elle s'affaire. Réajuste le reflet de son image dans le cadre étroit d’un petit miroir de poche noir. 

Pour le reste d'elle-même, une ceinture violette, fine, sur les hanches, un chapeau noir posé à côté d'elle, sur le siège, au-dessus d’un sac mou, en tissu. L’image globale semble construite, comme si elle avait préparé les positions de son sac, de son chapeau et de son corps avant de monter, depuis chez elle, même. Comme si elle s’attendait à s’offrir en feignant l’indifférence à l’œil photographique d’un autre indifférencié. Elle est tout en couleur, elle est en relief. Pas vraiment d'une classe particulière, en dépit de ses efforts, du choix audacieux de ses atours, et l'on pourrait même précisément dire l'inverse. Exposition de pauvreté et dissonances juxtaposée. Mais en relief, et c'est tout ce qui compte en cet instant. Car c'est précisément pour cela qu'elle se trouve sur le siège en face collé à la vitre, dans ce lieu clôt qui se déplace avec nous dedans, face à quelqu’un qui la regarde. Précisément parce que je l'ai suivie.

Je finirai donc la description. Je sors d'ailleurs un carnet, et depuis ma place de proximité, je plante mon regard sur son intimité et je prends des notes, sans discrétion. De toute façon, un simple balayage du reste de l'espace clôt conforte l'impudeur ambiante, puisque personne ne croise une seule fois l’arrogance d’au moins un de mes deux yeux. Alors, libérée des normes sociales habituelles et scandalisée devant l’apparente inexistence de moi en cet endroit, le regard se plante au creux des intimités des personnages environnants, successivement, pénètre les mouvements quotidiens de l'attente et du déplacement... 

Un peu plus loin, une autre femme, plus classique, vêtue d’une veste blanche, imitation working-girl bon marché. Et rien n’est dissonant d’avec la tendance générale. Non, ce n’est pas comme la jeune femme à la robe à pois, aux prises avec les possibles de sa condition, mais forte du relief de ces dissonances juxtaposées. Là, l’allure est plus classique, conforme aux représentations de ce qu’une belle femme présente d’elle-même dans les couches moyennes de la société… Ou bien dans les magasines. Tailleur-jupe blanc avec veste cintrée, collants et escarpins, maquillage et coiffure soignés, écouteurs dans les oreilles, pour un tout immobile aux jambes croisées. J’imagine le possible d’une évolution humaine avec une excroissance de peau en forme d’écouteurs au niveau des oreilles. Une belle femme lisse. 

Les arrêts se succèdent. Un arc-en-ciel s’imprime sur le visage d’un homme, plus loin, sur le crâne d’un autre homme, de dos et sur le haut du wagon. Le moi apparemment inexistant en cet endroit hésite à se lever et le dire à cet homme, à quelqu’un, à tous… À partager la dimension de l’espace de ce lieu clôt du déplacement. Les arrêts qui se succèdent sont la seule marque du temps qui passe, le seul lien d’avec le réel, le dehors. Je cherche le croisement de lignes de vision, un croisement quelconque… La lumière se déplace et les couleurs aussi. Elles gagnent la fille à pois, le haut de son front. Son regard frôle des yeux à l’affût, ne les croise pas, mais tant pis, je le saisis au vol, l’arrache par force, je lui montre l’arc-en-ciel, elle le regarde dans son miroir.
Elle sourit.
J’existe.
Tout à coup.
Ça tombe bien car je m'apprête à descendre... 

La journée peut peut-être être bonne, même, qui sait…

jeudi 10 novembre 2011

Mutisme et lieux qui manquent




Comme quelquefois…

Comme quelquefois, dis-je, non parce que l’adverbe aurait vraiment sa place pour indiquer une fréquence, comme on l’utilise usuellement dans le langage, mais plutôt par aveu de reconnaissance de certaines choses dont je suppose alors qu’elles sont déjà survenues, sous une forme ou une autre, au vu de similitudes presque imperceptibles, un déjà vu dans la recomposition en cours… Un quelquefois hypothétique, et le renvoi analogique mériterait précision…

C’est en fait que la cacophonie se déroule, en ce moment précis, alors que le silence englue un corps prisonnier du chaos. Une cacophonie organisée, polyphonique, dialogique, polymorphique. Et ce silence métallique...

Les mots s’enchaînent, et la forme transitive disparaît, les mots enchaînent à l’intérieur d’un esprit qui se referme, qui construit des barrières entre son espace de mouvement, et celui du monde…non en y imposant un milieu, une matière qui fasse l’entre-deux, supposant toujours un lien, mais plutôt en changeant de nature… En y opposant une différence fondamentale de qualité, dimension essentielle… et se regarde opérer en ricanant mollement…

La forme transitive n’est plus seule. Il regarde les mondes. Il superpose la vision de lui-même et de son œuvre en cours, celle des mondes, de leur description et du mouvement du tout, variant les points de vue. Ces mondes qui continuent à se mouvoir, à s’écouler, mais beaucoup moins vite que leur description, et de manière moins déterminée, surtout… Le visage lui-même s’accomplit à se durcir, figeant son expression, son inexpressivité, brouille les images qu’offrent deux billes floutées.
Mais qu’importe. À présent, plus rien ne semble avoir d’importance, ou bien peu de choses, seul l’essentiel en fait, dans l’hyperréalisme ambiant. Remarque, c’est ce qui compte, dit-on, d’aller à l’essentiel. Contre les détours esthétiques et les lignes courbes qui n’existent que pour elles-mêmes, contre les détails dissonants et contretemps qui rappellent irrémédiablement une infinité de vues de l’esprit concernant la condition humaine…

Comment tout cela a-t-il pu arriver ? Il y a quelques jours encore, les actions s’ affairaient à se réifier, en riant, en espérant des lendemains qui honorent la volition. Il y a encore quelques jours, la puanteur d’un pourrissement tenace ne gagnerait jamais…

Jusqu’où l’enfermement peut-il aller? Jusqu’où la séparation d’avec le monde peut-elle être simulée, inventée, avant de frôler la folie, la maladie mentale ? Le silence est si lourd que cela en devient confortable, couette épaisse et chaude qui recouvre un corps glacé…
… et la bouche qui se ferme irrémédiablement, comme si plus jamais aucun son n’en sortirait, plus jamais…

Le scalpel fait son effet, ôte les ressources du désespoir. Mise à distance chirurgicale. L’esprit se dilate, feint la drogue ou la maladie, le tout dans un lieu qui n’existe pas. Tout semble étranger ici, à présent. Plus rien n’est familier, bien que connu. Où est la place de soi ?
Le monde est à distance.
Tu es un étranger, aussi.
Les traits de ton visage eux-mêmes semblent avoir changés.
Dans l’immobilité d’un corps anéanti, l’extrême lucidité d’une larme affûtée parcourt les champs analytiques d’un monde devenu objet, d’un Autre devenu objet. 
Je ne te reconnais plus…
Comment pourrai-je te parler à nouveau ?
Comment pourrai- je reparler un jour ?

Il faudrait briser tout cela, mais les muscles tendus de la mâchoire enserrent toute possibilité, les mots de l’intérieur ont enchaîné le corps aussi, ces mots analytiques qui dichotomisent le monde et imposent le silence partout ailleurs, la mâchoire durcie se briserait… Comment peut-on parler si la mâchoire est brisée ?

Je te regarde revenir de je-ne-sais-où, de ce je-ne-sais-où viral qui m’a engluée, je vois ta main se poser sur mon corps, et ce mouvement est aussi séparé de moi que si tu touchais un objet. Tu es d’ailleurs devenu de cire bien avant moi, tu es devenu l’Autre qui te sépare, et pose ta main comme objet qui touche un corps, sans savoir comment rembobiner le film, sans qu’aucun signe ne préfigure qu’une quelconque émotion ait un jour existé. Mon corps est lui-même devenu autre, je ne peux plus bouger. Seulement attendre et regarder à travers cette image floue, un objet main qui touche un objet corps, immobile et silencieux mouvement. Et la télé qui observe la scène… Comme toujours…
Seulement attendre… De l’arbre de choix, retenir le statut quo, jusqu’à ce que quelque chose survienne, jusqu’à ce que quelque chose se brise… La mâchoire, ou autre chose… jusqu’à ce qu’un événement crée une bifurcation.

Comment faisaient-elles, ces actions -lorsqu’elles le faisaient, avant- comment faisaient-elles pour réifier ces mondes possibles, ces lieux chauds, ronds, paisibles,  ne surprenant la volition que pour la moquer quelque peu, lui arracher un sourire, un renoncement à fermer les mondes, comment faisaient-elles ? Les lieux aimés, visités, sont-ils si éphémères ? La description par les mots de l’intérieur, la description rationaliste qui raille déjà qu’elle l’avait bien dit, doit-elle se dérouler dans un corps immobile comme un fléau incurable ?

Les lieux me manquent…
Les mots, aussi.  Curieusement…

dimanche 6 novembre 2011

samedi 5 novembre 2011

EDOUARD BOUBAT "La petite fille aux feuilles mortes" 1947

L’érotisme de l’automne





EDOUARD BOUBAT "La petite fille aux feuilles mortes" 1947







Odeur de terre humide, verticale et troublante
Impudiquement offerte, exposée.

Du plus profond de l’immanence,
La main plongée dans ta lourde chevelure emmêlée, hirsute,
Sorcières de Michelet, fragiles et recluses
Jonchez le sol, encore !
Recouvrez le monde de l’humilité de la chute non originelle,
De celle des fanes et des fleurs d’autrefois,
De brindilles, de potions qui entêtent,
De tapis de feuilles mortes qui n’attendent que nos corps nus,
Qui jonchent toute chose,
S’offrent à la lente décomposition, nourricière et fertile.

Les pieds nus dans la glaise. Les enfants Cours d’école.
Flaques et pieds raidis de glace. Nez qui pique et rosit.
Fantasmes ensevelis sous des montagnes rousses, coups de pieds,
Se rouler dedans, encore…
Jusqu’à s’y perdre, s’y confondre…

Que l’art et le concept aillent se rhabiller, s’agenouillent devant l’écorce humide et renâclent, même maladroitement, les rythmes décélérés, les couleurs qui explosent.
Les  premiers laboureurs se délectent, se roulent avec sensualité dans une terre épaisse et molle.
La pluie a écharpé en souriant l’arrogante sécheresse estivale, doucement.
Le froid saisit les organes effrontés…
Encore…

La reproduction, du même et de l'Autre, l'engendrement, se mon(s)trent... 
Les truites sont pleines. 
Nous enlèverons délicatement les poches sous un filet d'eau glacée, nous mangerons leurs œufs  sur du pain légèrement grillé et avec du citron, 
Aujourd'hui, ou bientôt... 


Automne en Essonne, par Boris.



vendredi 4 novembre 2011

Film et tout le reste...


"C'est un chef d’œuvre cinématographique, primé, (...)"  explique la voix dans le téléphone.
Comme d'habitude, je n'ai vu ni entendu parler de ce chef d'œuvre, et je ne m'en souviendrais d'ailleurs pas, quand bien même ce serait le cas.  Je mets la chaîne...

Une nuit est passée, et le souffle de l'aube a enflé le jour et tous les yeux du monde, à ce qu'il semble.
Aujourd'hui, je pleure encore.

Aveu  d'homosexualité, aveu d'une faute, faute de gout, faute d'agir, faute d'être...
Aujourd'hui... 
Je pense à cette amie, suicidée... A toi, aussi, à tout ceux qui...

Une nouvelle d'Annie Proulx, donc, un film de  Ang Lee
«  Le secret de Brokeback mountain" désormais un classique" nous dit Têtu.
Pour le réalisateur, "le rêve d'une complicité totale et honnête avec une autre personne »,   
« un endroit hors du temps, hors du monde, où, en toute innocence, ils se sont aimés, où ils ont cru pouvoir s'aimer. […] C'est ce qui m'intéressait : faire un film sur l'illusion de l'amour. Pas sur le véritable amour. On ne sait pas ce que c'est. »,
« Il y a une certaine beauté dans l'état d'attente amoureuse. L'amour est comme la montagne du film. Il faut grimper, encore et encore, pour l'atteindre. C'est une question existentielle. À quoi reconnaît-on l'amour ? Et que sommes-nous prêts à faire pour le garder ? »

Vite une série américaine lobotomisante pour ce soir.
Poste sèche mes larmes
Poste lèche mes larmes
Je te serais vraiment reconnaissante de cracher une série merdique et pâle...
 
 Pour le coup, depuis mon placard:







jeudi 3 novembre 2011

Travail en cours, Forme première...


























Frisson du lac au soir d’automne



D’un frisson que je viens d’avoir…
Éther et feuilles froissées, dehors.
Touffus, blocs qui  sous la caresse perfide du froid nouveau
tanguent, frissonnent, sautillent, frottent leurs papiers pour exhiber leur prochaine nudité.

L’air  ruisselle le long de ta porte-fenêtre, dans l’entrebâillement où tu vas fumer. 
S’infiltre, s’introduit, s’ingère…   
Un poumon avide de cette brûlure attend.
Et s’oppose au monde qui s’agite, derrière son carré de verre.

L’ici désire le désastre…
comme une forme esthétique non régulière, signature d’insolite,
qui assurerait seule qu’il y ait eu de la vie, qui signifierait par son ampleur que la mémoire
est possible, 
que l’on peut dans l’œuvre hirsute en devenir retracer l’histoire de cette humanité, du
brouillage des genres, des mélanges d’effluves, d’hormones ou de maladie hivernale. 
Les piments en bouquet observent ce temps qui passe…
Et les fleurs, qui les frôlent, 
aussi … 

La cambrure de tes hanches…
…me rappelle… 
à la chaleur de ton âtre…
À l’opulence de ton étreinte... 

Je regarde autour de moi.
Ces objets me sont étranges, je dois dire… 
Flacons et modes d’emplois aux détails qui s’échappent, des étrangers d’hier.
Dissonants, glissant et se jouant des lignes ou autres esquisses… 
Des lambeaux de bas de femme jonchent le sol.
Le poppers jalouse l’essence d’eucalyptus...
Le dessin que je n’ai pas fait sourit
et l’harissa que je mange, à défaut du bouquet,
aussi…

Je me demande ce qui survivra de l’automne.
Une fois que les palettes de jaunes seront parties,
que sur les matières organiques en coupe, qui auront flétri, se dessineront des rayures
extraordinaires, 
et dans les fruits qui sèchent…
Je me demande s’il y aura des brasiers sous la neige
et la ronde odeur des saucisses qui grillent… 
ou bien du poisson, 

Je pense à la félicité à laquelle je ne crois pas, 
aux projections d’amour d’une société qui doute, 
à la modernité de l’ouverture des possibles par un ego d’occident… 
 Le doute… 

Et tac, je prends tes mots
Je dis ce que tu n’aimes 
Et rien n’est déjà vu…

Comme on se voit…
Comme on se parle…
Comme on se prend…

mercredi 2 novembre 2011

Élucubration 1



Du plus profond de nous autres.

...Comment dire...?

Le cri si-len-ci-eux s'insinue entre nos doigts. 

Lentement, je t'envahis,                                                                                      avec volupté. 
En dépit de ton partage, je me glisse précisément                                             entre ton «toi».
Personne ne pourrait jamais parler de viol.

De la solitude du « je ».
...Comment dire...?

Une vague qui passe.
Lumière vert-pomme.
Rien de plus que. 
Indice que je débecte.
Moi qui est toujours là
sans jamais rien de précis...
La flamme de la candeur que je recherche.
Et puis quoi?
Sinon rien.
Malgré.
En dépit de.
Et puis.
Et alors?
Toujours!
Ben quoi? 
Nooon, Jamais!
Et bien....
Et alors?
Donc...
Et voilà.. 
Et voi-là...
Et mer-de.
Et Voi-la q-u-o-i-?
 
Du Darwinisme à nos parents, et puis                                                   depuis la religion...
Du tout individu, de la to-ta-li-té. Le « je » n'existe pas on s'insinue entre nos propres doigts pour lécher le cracha de nos sé-cré-ti-ons-on a envie de toi pour te posséder-on a un désir d'altruisme et en plus on le fait-on a pas envie de mais quand même et alors on se dit quoi-on se dit rien-on interroge la gueule de bois-et la psychanalyse-et puis rien du tout. 
On ne se dit rien du tout. 
A soi. 
A l'autre. 
Au même.
Et le juge et le prêtre et la candeur .
Et la religion.
Et le multiculturalisme.
Et la tolérance.
Et le « mais quand même ».
Et la guerre.
Et la famine dans le monde.
Et la lutte pour la paix.
Et le destin des plus pauvres par les plus riches.
Et ces histoires de classes.
De castes.
Et le « on ».

Au fait, doit-on manger du poulet? 
Et la viande et l'homme et les élevages et le progrès et le territoire et la philosophie et les hormones et le milieu et l'économie et la vitesse et la solidarité et la rupture et la politique et le manque de temps et la variole et la destruction nucléaire et les extra-terrestres et les nerfs d'un peuple sous antidépresseurs et puis tous ceux qui.

Une impression de déjà vu. 
Curieuse impression.
C-u-r-i-e-u-s-e  im-press-i-on

Moi, j'ai l'impression de rien comprendre: mais alors tu fais quoi de ta vie?

Et la télé.
Et l'impuissance
Et la critique
Alors?
Et le rien du tout.
Et ce que peuvent décrire les autres.
Et la survie.
Et les choix.
Et le bonheur.
Et l'idée de bonheur.
Et l'idée en tant qu'idée...
Et les intellectuels qui se branlent                                                     comme les autres.

Alors que le vomissement d'une infinité répertoriée de pauvres larves annonce l'avènement d'une
existence fantasmée, des milliers de cris résonnent. 
Des millions de cris
s-i-l-e-n-c-i-e-u-x.

T'es sourd ou quoi? 

Du plus profond d'un moi qui a faim, d'un ego collectif blessure de l'occident. 

Comment dire?

Des millions-une armée- de nombrils se mirent à marcher
Jambes en ciseaux, métal plan d'en bas