vendredi 24 février 2012

Atelier d'écriture... Les sens



Textes réalisés dans le cadre de l'atelier d'écriture en ligne du vendredi 17 février , d'Ipagination, animé par Lisa (tous les vendredis, 20h30)
Participants: Lisa, Amazone, Seslignes, LorelynnDatride, euonimus,  Kristoff.
Ensemble des textes de cet atelier: http://www.ipagination.com/com/index.php




Atelier d'écriture n°5  ( 1ère partie )
Pour faire écho au travail de la semaine dernière, présentez-nous votre sens préféré.
Offrez-vous et offrez nous un voyage sensoriel dans la forme que vous voulez, retour sur terre dans 15 minutes.



Pages aux mots collés dans cet étrange objet…
Elle le regardait, elle l’attendait… Ce n’est pas lui qui le lui avait dit, qui lui avait donné rendez-vous, c’était un autre, un de ceux qui emploient un autre langage… Non, lui était là,  silencieux, patient, impassible, peut-être même indifférent, qui sait… Les flammes des chandelles, elle connaissait bien. Fût un temps, tout en était empli, sa demeure, son esprit, les yeux des autres, même, sous le joug de sa flamme.. Mais ce dont elle avait peur, c’était d’ouvrir, d’entrer, et que tout fut rationnel, pénible, que tout ici ne restreigne par le discours la poésie vacillante des bougies de cire.
Loin s’en fut. Les images se succédaient, se bousculaient, dans une immobilité paradoxale… Mais au fil des pages, quelque chose d’imprévu advint… Au fil de l’étirement des images immobiles, au fil d’une pensée qui se laissait flotter dans l’obscurité des lueurs faibles, l’odeur même de la flamme s’évapora des pages jaunes, comme si elles brûlaient elles-mêmes, d’un autre feu que celui qui fait mal…Une autre odeur que celle du papier cramé, oui… Les chandelles de Bachelard étaient sorties, flottaient là ! Odeur de cire, forte, puis plus subtile… Pas celle de la paraffine qu’on commençait à utiliser dans l’industrie et qui aseptise les sens, non… Une odeur de cire qui coule, qui roule, qui varie en intensité en fonction de la taille des perles qui caressent le tube… puis, la capacité d’abstraction de l’habituation du nez laissa entrevoir d’autres nuances, plus fines encore. L’odeur presque imperceptible de la flamme qui vacille, qui s’élève, qui danse… La poésie en est témoin, les chandelles étaient là ! Tout fut alors si différent, et elle fut absorbée, à l’intérieur de son nez, au milieu des milliers de capteurs sensitifs, dans l’obscurité étrange de cette grotte… Elle y resta un moment... Combien de temps ? Difficile à dire… C’est un peu comme lorsqu’une personne parcoure les lieux de la Dame du Lac, ou autres lieux empreints de mythologie Celte, entre dans un cercle de pierre, dans l’univers des fées, en proie au caprices temporels d’un temps compressible ou extensible à souhait… La seule chose dont elle se souvint clairement, lorsqu’elle fut ressortie de son organe, c’est qu’elle se retrouva dans son lit, dans le clair-obscur d’une chandelle… Troublée, elle souffla la bougie, qui emplit la pièce de cette odeur unique d’une bougie qui se meure… 

Euonimus




( 2ème partie )
proposition 1 :

Maintenant que vous avez décrit ce sens, imaginez un dialogue avec lui, faites la paix en 30 minutes avec votre nouvel ami !

proposition 2:
choix 





Grêleuse peau qui craque                            rêche contact organique
Arbre d’antan, me laisseras-tu      répit ?


Les kleenex s’amoncèlent et saturent l’espace       contiennent la vie qui rampe…


Odeurs du monde, revenez moi !


-       Je te laisse l’odeur du temps !


Mais je sais que je vais mourir !                Je me meurs un peu déjà
Les lambeaux de peaux tombent, m’abandonnent…
Le froid me saisit      je suis malade


-       Que crois-tu du normal, ou du pathologique ? Est-ce qualité ? Est-ce quantité ?
Qu’en disent alors les sens qui te servent ?
Les consultes-tu ?
Compagnons, frères et sœurs, amants qui chaque jour m’étreignent avec ardeur de ta per cep ti on…


Tes discussions m’ennuient, redonne- moi le sens ! L’intérieur de mon nez, me fait mal, m’abandonne !
Les lys, dans leurs vases refusent de m’enivrer,
Le vin pourpre lui-même ne monte plus au nez…


-       Cesse donc de gémir, et sens dans la douleur, l’odeur du froid nouveau, et la fragilité…
Force donc  ton organe, capricieuse éphémère ! Et goûte aux joies meurtries de mes senteurs glacées…


Un arbre se secoue, par le dialogue ému…
La terre se remue                      Le grèbe huppé bébé…     
La brise se dilate, et le naseau respire…





….


….


…..


Son innocente injure,
La querelle…  dissipée. 


Euonimus

lundi 20 février 2012

Scène de vie: partie de foot à la plaine...






Partie de foot à la plaine, Marseille... 




Au pied de l'ombre de l'arbre, agglutinement de joueurs de foot en herbe, autour du banc, pour se réhydrater.. . 

-  Tu veux de la dope? (tendant une bouteille d'eau à son fils)

La bouteille circule. Il repart en courant. 
Un enfant boit, tend la bouteille à un autre: 

- Tu veux de la daube? 
- Quoiiii? 
- Tu veux de la daube? 
- De la dauube??? (attrape la bouteille, en fronçant le nez et les sourcils)
- Ben oui, c'est de la daube! C'est ton père qui l'a dit!






Des heures, semble t-il, à regarder les branches de cette ombre...



lundi 6 février 2012

"Admire", toi-même!

 
Admire moi, vas y, encore… Éloigne toi de moi un peu plus… Comme si je n’étais pas assez seule... Allez, ne te gène pas ! Ah,  femme moderne, bonne mère, bonne citoyenne, bonne x, bonne y et « bonne » tout court… ah… Ca doit être pratique… Toi qui fais tant de choses, sans sourciller… « Je t’admire »… 
Nooon, pas ça, pas toi que je connais…Je m’effondre… L’intérieur de moi se parcellise encore davantage… Pas toi… 
Entendras-tu ma plainte ? L’entendras-tu ?



Unanimité… Mes réponses dans le mur.  Un mythe semble t-il, stéréotype waoouuu. Je dois être heureuse, alors, puisque… Puta, Mama, mythe "postmoderne" de la femme indépendante, chez les bien-pensants cultivationnés... Wonderwoman peut aller se rhabiller ! Cette salope m’a corseté son costume au vol!



Plantée là, au sein de ce râle brûlant, joyeux et je-ne-sais-quoi-d’autre, j’ai froid, j’ai seule. Je pense aux cordes qui mutilent chacun de mes membres, à cette cage thoracique sous-pression qui menace de se fendre, à la respiration saccadée d’une féminité suffocante… aux millions de choses à-faire-à-dire-à-être chaque jour et à heures précises, aux volets que je ne parviens pas à fermer, …

Le temps n’est pas incompressible.

Dommage…



Les autres boivent du vin, parlent d’art… Tout est beau.  Je n’entends plus que railler, railler cette admiration et chacun de mes mots nié avec des « mais nooon »  nihilisants, qui me jettent au visage que je suis une image, me braillent à la gueule ma non-humanité… On peut toujours imaginer se mettre à hurler tout ça depuis l'intérieur de la boite à musique, mais… Insanités excusées par une condescendance aux dents serrées, beurk ! Je me résigne, fais ce qu’on attend de moi… Comme souvent… Du fin fond de mon ravin, je fais semblant d’être in cette mondanité, moi aussi…

D’accord, c’est « cool ». Merci, au revoir..

Et même pas…



Vous y avez cru ? Ben même pas, je reste, et je bois du vin jusqu’à tendre mon corps, jusqu’à tendre mon cœur… Vers la tend-resse égoïste de l’oubli….

Je sais que demain, je vais décuver et oublier, un instant, ce râle enthousiaste qui sécrète ces visions idéelles. Je sais que je vais dormir et vomir la tendresse vinicole de la fuite… À genoux devant la cuvette des chiottes. Et que je retrouverai ensuite les yeux et l’exigence d’un rejeton aimant qui ne m’admire pas... Un marmot dont l’unique souvenir-image m’emplit, reconstruit les routes de la ville et les trottoirs autour, réifie les lumières nocturnes et les discussions qui refont le monde, fait pousser des arbres-troglodytes au fin fond des ravins…

Alors, ma nuit peut-être longue, comme ça, dans la foule, dans et même avec… Je peux m’oublier, idéelle et construite, et rêver le monde…

Santé, ami d’un soir !

À la tienne !